16 août 2015
Vous pensez qu'une porte, c'est un panneau de tôle fixé à l'automobile par 2 charnières ? Erreur, c'est bien plus. Outre le prix, les critères d'achat d'une automobile sont la ligne et les performances, bien sûr, mais aussi les fonctionnalités, l'aspect pratique du véhicule. Et là, la porte joue un rôle primordial. Voyez si, vous êtes capable de citer autant de types de portes que nos archives (et encore, il en manque!).
Au début, il n'y a pas de porte sur les automobiles. Les plus pessimistes (ou optimistes, c'est une affaire de point de vue) pensaient qu'en cas d'accident, ils pourraient sauter en marche (les voitures n'allaient pas très vite alors).
De la De Dion Bouton type S à la Lorraine-Dietrich torpedo 12 cv
(doc. Yalta Production)
Très vite, la porte protège les passagers de la poussière, de l'eau et... des chutes. La porte devient vite un élément de confort indispensable.
Au début du siècle, toutes les voitures n'ont pas forcément une porte côté chauffeur. Celui-ci doit pouvoir manoeuvrer le frein à main, la trompe sonore.... Il monte donc par l'autre côté.
Lion-Peugeot voiturette V4C3
(doc. Yalta Production)
En 1937, le carrossier James Young imagine cette ouverture de portes dites parallèles, grâce à une grosse charnière centrale qui fait pantographe.
Consultez la fiche complète de la Bentley 4 1/4 l (Derby) cabriolet James Young à portes parallèles
6 exemplaires auraient été ainsi réalisés par James Young.
Sauf erreur, c'est l'Opel Kadett de 1938 qui est la première à posséder une structure monocoque en acier percée de deux portes antagonistes qui ouvrent en grand l'accès à la voiture. La même année on retrouvera ce système sur la Simca 8 (notre photo), la Salmson S461, puis plus tard sur la Facel Vega Excellence.
Mais ce système pose des problèmes de rigidité de la coque, en l'absence de pied milieu, et, surtout, de sécurité, car en cas de choc latéral, la voiture risque d'être enfoncée comme une canette de soda.
Simca 8
(doc. Yalta Production)
Toutefois en 2007, Opel (encore) propose le Meriva et ses portes antagonistes, mais avec un pied milieu.
Opel Meriva concept
(doc. Yalta Production)
On ne peut pas parler d'accès à un véhicule sans évoquer le Citroën type H de 1948. Une fois encore, le constructeur du quai de Javel bouscule le marché avec un véhicule révolutionnaire. Un utilitaire au seuil de chargement très bas, muni d'une ouverture totale à l'arrière grâce à ses 2 portes battantes et son auvent et sur le côté sa porte coulissante. Du jamais vu.
Consultez la fiche complète de la Citroën type H (Tube Citroën)
Une seule porte de face, le "pot de yaourt" Isetta propose une solution originale et jamais réemployée. Pour permettre l'accès, le volant se range sur le côté grâce à un cardan. En cas de choc frontal, le toit ouvrant servira d'issue de secours.
Consultez la fiche complète de la ISO Isetta
A priori, la Kaiser Darrin est la seule automobile sportive dont les portes coulissent à l'intérieur des ailes. Un système original qui a toutefois pour inconvénient de laisser un châssis fragilisé par un seuil très bas.
Consultez la fiche complète de la Kaiser Darrin 161
Plus fort que l'Isetta d'origine, BMW créé la 600, l'Isetta rallongée, avec sa porte frontale, mais aussi une unique porte latérale pour l'accès à la banquette arrière. Là aussi, un cas unique.
Consultez la fiche complète de la BMW 600
A priori, les premières portes "papillon" apparaissent sur la Mercedes 300 SL.
La raison technique est simple : pour abaisser le centre de gravité et obtenir une bonne rigidité pour cette automobile de compétition, le plancher est très bas et il est bordé par deux gros longerons latéraux qui remontent très haut. Ce qui bloque l'accès par des portes classiques. Les ingénieurs imaginent ces étranges portes qui ressemblent à des ailes de papillon, ou, plutôt des ailes de mouette, car partout ailleurs, la Mercedes 300 SL est surnommée gullwing (aile de mouette).
Mercedes 300 SL (W198)
(doc. Yalta Production)
Dans les années 50-60, les camionnettes pouvaient être équipées de portes coulissantes. Une disposition très pratique pour les livreurs qui devaient monter et descendre sans arrêt de leur utilitaire. On pouvait même conduire la porte ouverte à condition de mettre une chaîne symbolique pour barrer l'ouverture.
Bien sûr, sans ceintures, ce système était très dangereux en cas d'accident. On ne compte plus les décès par chute ou éjection imputés à cette porte coulissante aujourd'hui bannie.
Renault Estafette 800
(doc. Yalta Production)
Les portes s'ouvrant contre le vent (dites suicide) étaient la norme jusque dans les années 60. C'était plus pratique a priori, notamment pour les personnes peu mobiles, puisqu'il suffisait de s'asseoir puis de ramener les jambes, alors que nos portes modernes demandent l'effort inverse.
Difficile de savoir si des gens se sont suicidé avec elles, n'empêche qu'avec les faibles serrures de l'époque, la porte pouvait s'ouvrir pendant la marche et se trouver brutalement rabattue vers l'extérieur par l'effet du vent.
Les charnières migrent alors de l'arrière à l'avant de la porte, comme sur la Fiat 500.
Fiat 500 D (1957) et Fiat 500 L (1968)
(doc. Yalta Production)
Aujourd'hui, les serrures à double cran, l'alarme de porte et les ceintures obligatoires offrent une excellente sécurité, c'est pourquoi, on voit réapparaître quelques portes "suicide".
Rolls Phantom Drophead Coupé
(doc. Yalta Production)
Sur cette Rolls, l'ouverture est électrique, normal...
La grande classe avec cet immense convertible à 6 places, un cabriolet avec 4 portes antagonistes. Seul cas connu.
Heureusement, la Lincoln est construite sur un châssis traditionnel rigide. Cela lui évite un possible effondrement dramatique par le milieu à la première bosse.
Lincoln Continental Mark III convertible
(doc. Yalta Production)
Lincoln Continental Mark III
Jusqu'alors, les berlines respectables étaient munies d'une malle. C'est encore aujourd'hui la norme dans beaucoup de pays. Mais en 1965, déboule la Renault 16 et son hayon. Une berline haut de gamme, avec une ligne moderne élégante s'ouvre en grand à l'arrière pour permettre des chargements importants. Une fonctionnalité jusqu'alors réservée aux commerciales et aux breaks, des utilitaires sans charme.
Jusqu'à l'invention du monospace, c'est la plus grande innovation en terme de fonctionnalité de l'après-guerre.
Consultez la fiche complète de la Renault 16
En 1988, la BMW Z1 présente ses étranges portes escamotables dans le plancher. Là aussi, c'est du jamais vu en série.
On peut conduire la voiture avec les portes "ouvertes".
BMW Z1
(doc. Yalta Production)
En 2005, la bonne idée de Peugeot, c'est la 1007 avec ses 2 portes coulissantes électriques. Un système très pratique dans les parkings.
Toutefois, plusieurs inconvénients pèsent sur la 1007, un prix élevé pour une citadine, une perte en largeur, car la glissière est épaisse et des problèmes de fiabilité, alors que les charnières classiques ne posent généralement guère de problème.
Peugeot 1007
(doc. Yalta Production)
La porte en élytre est un compromis entre les portes conventionnelles et les portes papillon.
Il a été adopté par plusieurs constructeurs de voitures de sport. L'avantage est une moindre hauteur lors de l'ouverture. L'inconvénient, c'est qu'avec un seul point d'attache, le système de charnière est complexe et plus fragile.
Lamborghini Aventador LP 700-4
(doc. Yalta Production)
En 2011, Citroën présente son concept Tubik et ses côtés relevables qui ouvrent le SUV comme une camionnette de marchand de gaufres. On trouvait déjà ce principe sur le concept Renault Ondelios de 2008.
Consultez la fiche complète de la Citroën Tubik
Tous les concept-cars modernes doivent avoir des portes antagonistes ou n'importe quel autre système qui permette d'admirer la beauté intérieure de la chose. C'est le cas du très beau concept Renault Initiale Paris qui annonce l'Espace V.
L'Espace V est en tout point semblable au concept... sauf les portes antagonistes, trop chères et trop lourdes. Le rêve et la réalité.
Renault Initiale Paris vs Espace V
(doc. Yalta Production)
Le Ford B-Max combine une porte arrière coulissante et une porte avant standard, jusque là rien d'exceptionnel pour un monospace, mais il est dépourvu de montant central, ce qui dégage un large accès à l'intérieur. C'est bien pratique pour installer un enfant dans un siège bébé.
Inconvénient, il faut sérieusement renforcer la structure pour résister aux impitoyables crash-tests latéraux d'aujourd'hui. Bref, l'attrait marketing doit compenser le surcoût et le surpoids.
Ford B-Max
(doc. Yalta Production)
Enfin, quand on est à court d'idées, on peut bien tout soulever, comme ces étranges concepts Toyota Camatte et Courèges Zoop.
Toyota Camatte et Courrèges Zoop
(doc. Yalta Production)
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